Centre de ressources audiovisuelles Bophana
Samedi 20 mars, 16h.
« La Femme dans l'œuvre de Marguerite Duras », M-P Fernandes
16h : Conférence de Marie-Pierre Fernandes (25').
Marie-Pierre Fernandes est auteur de Travailler avec Duras, éditions Gallimard, 1986.
16h30 : Projection d’extraits (25') de Détruire dit-elle, India Song et Aurélia Steiner (Melbourne).
17h : débat.
Marguerite Duras
L'œuvre de Marguerite Duras est profondément imprégnée de l'Indochine où elle passa les vingt premières années de sa vie. Elle est née au Vietnam en 1914. Du Cambodge, elle connut, petite, Phnom Penh où ses parents furent enseignants, puis la région de Kampot et Ream où sa mère avait acquis une concession, épisode qui lui inspira son premier grand roman Un Barrage Contre le Pacifique (1950). L'Amant, récit autobiographique de sa jeunesse asiatique lui a valu le prix Goncourt en 1984. Elle est morte à Paris en avril 1996. Son œuvre est à la fois romanesque, théâtrale, cinématographique et critique et se déroule en « cycles » et glissements de formes et de thèmes. Au centre, le processus créateur de l’écriture pour traquer « l'ombre interne » que chacun porte en soi. Ainsi même le cinéma chez M. Duras reste un cinéma de la signification et comme le dit Dominique Noguez, Duras « nous offre ce plaisir de plus en plus menacé : sans rien renoncer des pouvoirs de l'image, faire resplendir dans les salles les vertus de la parole littéraire. Faire le cinéma de la littérature ». Cependant l'aventure cinématographique est pour M. Duras, une tentative, par l'image, de dépasser les limites de l'écrit.
Son cinéma
M. Duras signe le scénario et les dialogues de Hiroshima mon amour d'Alain Resnais en 1959, réalise son premier film Détruire, dit-elle en 1961, à partir duquel elle va inventer une esthétique nouvelle. Confrontant le pouvoir du mot et celui de l'image, elle fait voler en éclats les notions habituelles de son, espace, temps, instaure une durée particulière… M. Duras avait dit « India Song se bâtira d'abord par le son, puis par la lumière ». Ainsi apparaît son chef-d'œuvre considéré comme l'un des vingt grands films du cinéma : autonomie entre le film « des voix et du son » et le film des images, modulation picturale de la lumière et des couleurs, somptueux travellings ou plans fixes, sens de la suggestion… M. Duras explorera à leur tour les limites de l’image jusqu'à aboutir à « l'écran noir » de « l'homme Atlantique » (1981). Son dernier film Les Enfants (1984) de facture plus classique, est un retour au simple plaisir de filmer une histoire en se jouant des différences entre les genres. La force poétique, émotionnelle, subversive des films de M. Duras reste aujourd’hui intacte. « L'image, c'est elle qui est le plus apte à recréer le choc de l'événement » disait-elle